Variations d’Armor (suite)

De la borne occidentale des côtes d’Armor  jusqu’aux confins normands, le littoral armoricain déroule un chapelet irrégulier de grèves, criques et plages, enserrées entre caps, récifs et falaises, avec, parfois, la longue fente sinueuse d’un estuaire. Ce liseré décousu démultiplie les angles de vue et la lumière changeante en relève ou atténue les reliefs, selon le moment et les circonstances: il n’y a guère de répétition pour le randonneur récurrent. Quand il revient un peu à l’intérieur des terres, il lui semble parfois que la lumière céleste réverbère l’étendue marine invisible mais voisine. Et lorsqu’il passe Cancale,  la courbe presque parfaite de la baie et la disparition du relief, comme si la Bretagne rugueuse venait se fondre dans une Normandie alanguie, lui offre longuement le Mont en point de mire. Patient, il gravite lentement autour du rocher altier et de son humble satellite Tombelaine, avant de fendre l’étendue sableuse et traîtresse pour aller les toucher, comme un Graal.

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